L’exposition Germaine Krull au Jeu de Paume

© Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / image Centre Pompidou, MNAM-CCI
© Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / image Centre Pompidou, MNAM-CCI

Le musée du Jeu de Paume accueille régulièrement de passionnantes expositions ou rétrospectives photos. C’est souvent l’occasion de découvrir ou redécouvrir des artistes fameux ou moins célèbres. La dernière exposition consacrée à la photographe allemande Germaine Krull vaut vraiment le détour. Son parcours digne des meilleurs romans mérite qu’on lui consacre quelques lignes (voir également la vidéo).

Née en 1897, elle entame des études de photographie à Munich en 1916, elle fréquente les milieux bohèmes et anarchistes et échappe de peu à l’exécution lors de l’assassinat de Kurt Eisner, secrétaire du Parti social-démocrate indépendant allemand. Elle ouvre ensuite un atelier de portrait à Munich et fréquente beaucoup les dadaïstes. Elle s’installe à Paris en 1925 et développe son goût pour l’architecture, les paysages industriels et les machines. Ce qui lui vaudra le surnom de « la Walkyrie de Fer ».

Marseille
© 2015. Digital image, The Museum of Modern Art, New York/Scala, Florence
© Estate Germaine Krull, Museum Folkwang, Essen
© Estate Germaine Krull, Museum Folkwang, Essen

Elle fréquente à cette époque les surréalistes. En 1940, elle part s’installer aux Etats-Unis puis à Brazzaville où elle dirige le service de propagande de la France libre. Elle suit le débarquement des alliés en Provence en août 1944. A partir de 1946, elle part en Indochine et sillonne l’Asie du Sud Est en proposant de nombreuses séries notamment sur l’art bouddhique. Elle vit un temps dans un Ashram en Inde puis rentre en Allemagne en 1955. Elle meurt en 1985, 18 ans après qu’André Malraux ait dirigée sa première exposition au Palais de Chaillot.

© Estate Germaine Krull, Museum Folkwang, Essen
© Estate Germaine Krull, Museum Folkwang, Essen

Cette rétrospective permet de découvrir un peu plus le parcours chaotique de cette femme à la vie trépidante. Régulièrement publiée, auteure de nombreux livres d’art, actrice fondamentale de l’avant-gardisme, elle a marqué de son empreinte l’histoire de la photographie au XXème siècle. Elle s’inscrit à la fois dans les premières années du reportage et de l’illustration photographique mais développe aussi une production artistique autonome tout en se focalisant sur des thèmes résolument modernes. Le parcours proposé par l’exposition s’articule autour de sa période de pleine activité photographique entre 1926 et 1933, elle évoque aussi son travail au service de la France Libre, ainsi que la période ultérieure, lorsqu’elle vit en Asie. L’exposition regroupe 130 tirages d’époque, et de nombreux extraits de livres et magazines rendant compte des intentions et des imaginaires de la photographe : l’architecture métallique, le nu féminin, les vues urbaines et le trafic automobile, les documents de la vie sociale mettant en scène clochards, zones, halles, halles et métiers, la femme et la condition féminine, enfin la route l’un de ses thèmes récurrents de reportage.

Germaine Krull Exhibition at the Jeu de Paume
The Jeu de Paume Museum frequently has fascinating exhibitions or photo retrospectives. It’s often a good opportunity to discover or rediscover famous and less famous artists. The most recent exhibition of German photographer Germaine Krull is definitely worth a visit. Her life and career could have come out of a great novel and is well worth finding out about (see the video below).
The retrospective gives you an insight into the chaotic journey of this woman who lived a frenzied life. Her work was regularly published and she was the author of a number of art books as well as one of the main players in the avant-garde movement, and she left her own particular mark on the history of photography in the 20th century. While her work was very much part of the early years of documentary and photojournalism, she also developed her own photographic style focusing on determinedly modern themes. The exhibition concentrates on her period of greatest photographic creativity between 1926 and 1933 and includes her work for the Free French as well as work from her later period when she was living in Asia. The exhibition presents 130 period prints and many excerpts from books and magazines that give an insight into the photographer’s thinking and imagination: metal architecture, the female nude, urban perspectives, automobile traffic, documents of social life.

Didier MOINEL DELALANDE

GERMAINE KRULL « A Photographer’s Journey » from Jeu de Paume / magazine on Vimeo.
Germaine Krull, un destin de photographe
Du 2 juin au 27 septembre
Musée du Jeu de Paume
1 Place de la Concorde, 75008 Paris
01 47 03 12 50
http://www.jeudepaume.org/

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