La Tournée des stades #7 : Le stade olympique Yves-du-Manoir

yvesdumanoir1En 1947, Jean François Gravier publiait un livre si justement intitulé « Paris et le désert français ». Nous pourrions aujourd’hui parler du « Centre parisien, et le désert périphérique ». Cette tendance de notre capitale à cannibaliser sans cesse ses pourtours ne doit pas nous empêcher de parler des beaux lieux culturels aujourd’hui en désuétude. Je me dois de vous conter la riche histoire du stade olympique Yves du manoir, qui repose sur un terreau sportif désormais séculaire. Le lieu fut fertilisé dès 1883 par le martèlement des sabots, puisqu’il abrite alors l’hippodrome de la Société des courses de Colombes. Attiré par les potentialités du lieu, le quotidien parisien le matin acquiert le terrain en 1907 afin d’y fonder un stade omnisport, qui accueille de nombreuses compétitions. Second baptême du lieu qui porte alors le nom de « Stade du matin ».

yvesdumanoir2
Magnifique photo du stade empruntée à Denis Butaye

Vient ensuite le véritable bourgeonnement de la renommé de l’enceinte. Le Racing Club de France décide de s’y implanter en 1920, et l’on voit fleurir sur les pelouses de Colombes nombre de compétitions renommées. La force politique et l’influence du Racing lui permette d’orienter l’organisation des jeux olympiques d’été de 1984 au sein même de son jardin, alors que le projet est reconnu par les fédérations comme le pire proposé par la capitale ! L’emplacement excentré du stade provoquait déjà une forme d’impopularité auprès des instances dirigeantes, déconsidération qui lui causera du tort jusqu’aujourd’hui. Le club abandonnera ses plates-bandes pour rejoindre le Parc des Princes dès 1932. Mais juste avant ce départ, l’endroit sera baptisé une dernière fois, et deviendra le stade « Yves-du-Manoir », du nom d’un joueur du Racing, espoir national, qui trépassait après un accident d’avion. Dessiné par un ancien joueur du club, l’architecte Louis Faure-Dujarric, la lice reçoit alors les plus grands affrontements sportifs internationaux, profitant de fait du faible niveau d’équipement dédié sur le sol français. La finale de la coupe du monde 1938 et un nombre important de finale de Coupe de France sont listées à son palmarès.

C’est l’inauguration du nouveau Parc des Princes en 1972 qui portera le coup fatal au stade des colombiens. On peut se fier à la jauge indicative du nombre de places, puisqu’au fil des agrandissements successifs, les tribunes supportaient jusqu’à 60 000 spectateurs, avant de retomber à une tribune unique et 7000 places disponibles actuellement. Les lenteurs administratives et politiques qui gouvernent le renouveau de ce lieu mythique n’ont toujours pas aboutit, le Racing 92 désire désormais s’exporter à Nanterre, malgré les quelques 6000 signatures reçues par la pétition colombienne qui s’y oppose. L’engrais sportif y demeure cependant, une salle de handball de 15 000 places devrait voir le jour en 2015 à proximité pour accueillir la FFHB.

Tour of the Stadiums no.7: The Stade Olympique Yves-du-Manoir:
In 1947, Jean François Gravier published a very appropriately named book: “Paris and the French Desert”. Today we could talk about “the Centre of Paris and the Périphérique Desert”. Our capital’s trend to constantly cannibalise its outskirts must not prevent us from mentioning the most magnificent cultural venues which have fallen into disuse today. I must tell you the amazing story of the Stade Olympique Yves du Manoir, which is situated on a sports ground that is now over a hundred years old. The venue was created in 1883 and the pounding of hooves echoed in its stands as it accommodated the Société des courses de Colombes’ racecourse. Attracted by the site’s possibilities, the Parisian daily paper “Le Matin” bought the ground in 1907 to create a sports stadium, which played host to many competitions.   And so the venue was renamed and was called the “Stade du Matin”.
After this the stadium’s renown greatly developed. The Racing Club de France decided to establish itself there in 1920, and many famous competitions were held on the pitches of Colombes. The Racing Club’s political importance and influence enabled the stadium to be the setting of the 1924 Summer Olympics, even though the federations felt that the idea of holding the Games there was the worst one put forward by the capital! The stadium’s location, far from the centre of the city, had already made it unpopular with decision-making bodies, bringing it discredit and harming its reputation, which continues today.
The club abandoned its pitches and went to the Parc des Princes in 1932. But just before it did so, the venue was renamed for the last time, and became the Stade “Yves-du-Manoir”, in memory of one of the Racing Club’s players, a national hopeful, who passed away after his plane crashed. Designed by one of the club’s former players, the architect Louis Faure-Dujarric, the stadium staged some of the biggest international sports competitions, taking advantage of the fact that at that time, there were so few dedicated facilities situated throughout France. The 1938 World Cup Final and a great number of Coupe de France finals feature among the competitions held there.
The inauguration of the new Parc de Princes in 1972 was fatal for the Colombes stadium. The stadium’s number of seats is a significant indication of its decline: after successive extensions over the years, the stands could accommodate 60,000 spectators in its heyday, before reverting to a single stand today which currently welcomes 7,000 people. The project to renovate of this mythical place has been unsuccessful so far, having been slowed down by red tape. The Racing 92 now wants to relocate to Nanterre, despite the 6,000 people who have signed the Colombes petition to protest against this.
However sporting activities will remain there, as a 15,000-seat handball arena should be built nearby in 2015 to play host to the French Handball Federation’s matches. 

Didier MOINEL DELALANDE

Share

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *