Renverse, ravage, brûle, enfin épouse …

Vous aurez reconnu le vers de Monsieur Orgon dans « Le jeu de l’Amour et du Hasard » de Marivaux : « Renverse, ravage, brûle, enfin épouse … je te le permets si tu le peux ».Je cite, ici, ce vers pour évoquer cette pièce que j’ai vue récemment aux ateliers Berthier (Odéon Théatre de l’Europe),

marivauxSi Marivaux est solidement installé à la Comédie Française (5ème auteur le plus joué) Michel Raskine (Célèbre directeur du Théatre du Point du Jour à Lyon) nous fait découvrir dans sa mise en scène ce classique revisité dans un anachronisme temporel, révélant d’ailleurs l’aspect si contemporain de cet auteur du 18ème. “Le Jeu de l’Amour et du Hasard”, pièce écrite en 1730, est, en effet, un classique théâtral mais la mise en scène et le choix des comédiens, plutôt âgés, nous donneraient presque l’impression de savourer une pièce moderne. Un élément nous ramène néanmoins vers la dimension classique du texte : la langue ! Nous n’avons pu qu’être sensibles, malgré son âge, à sa modernité. La pièce est en 3 actes et, ô génie, rédigée en prose. Le verbe est si bien manié que le dépouillement total du décor en est oublié. J’ai retrouvé ici les mêmes volontés d’anachronismes contrôlées que dans 1788 et demi.

Et que dire d’Arlequin ? Personnage central de Marivaux, omniprésent dans ses œuvres, il l’est tout autant dans « Le jeu de l’Amour et du Hasard ».

Pour celles ou ceux qui n’auraient pas parcouru ou lu la pièce, quelques lignes d’introduction : « Tout en respectant les codes de bienséance de l’époque – les nobles finiront ensemble, et les « petites gens » de leur côté – Marivaux retourne, dans cette comédie au dialogue étincelant, l’ordre établi, trouble les préjugés et inverse les rapports maîtres-valets. Cette situation engendre complications et quiproquos, et ce sont finalement les femmes, avec les serviteurs, qui se sortent le mieux de cette situation. Ainsi, Lisette est la première à comprendre ce qui se passe, puis elle l’avoue tardivement à Arlequin. Bien après, Silvia se rend à son tour compte de la situation, mais sa fierté l’empêche de l’avouer tout de suite à Dorante. Après quelques problèmes, ce dernier, passablement déconcerté, parvient finalement à vaincre l’orgueil de Silvia. »

Jusqu’au 6 février 2011.

Turn upside down, wreak havoc with, burn, and finally marry…
You may recognise these words spoken by Monsieur Orgon in Marivaux’s Le jeu de l’Amour et du Hasard’ (The Game of Love and Chance): « Turn upside down, wreak havoc with, burn, and finally marry… You have my permission if you can ». I quote these words to give you a taste of this play which I recently saw at the ateliers Berthier (Odéon Théatre de l’Europe), while Marivaux is a firm favourite at the Comédie Française (5th most regularly acted playwright) Michel Raskine (the famous director of the Théatre du Point du Jour in Lyon) gives us a new take on this classic, revealing the very modern aspect of this 18th century author. The Game of Love and Chance, a play written in 1730, is, effectively, a theatre classic but the direction and the choice of relatively mature actors almost gives us the impression of watching a modern play. An element that nevertheless brings us back to the classic version of the text is the language! We can but appreciate, despite its age, its modernity. The play is in 3 acts and, by great fortune, written in prose. The author’s way with words makes you forget the very minimalist scenery. Here I found the same wish for controlled anachronisms as in 1788 et demi.
And what can we say about Harlequin? He is one of Marivaux’s central characters and is omnipresent in his works, just as he is in The Game of Love and Chance.
For those who have never seen or read the play, here are a few lines of introduction: « While respecting the codes of decorum of the day – that the upper classes marry amongst each other and the ‘ordinary people’ remain in a world apart – in this comedy of dazzling dialogue Marivaux turns the established order upside down, clouds the prejudices and inverses the master-servant relationships. This situation leads to complications and misunderstandings, and in the end it is the women, and the servants, who come out of this situation best. So, Lisette is the first to understand what is happening, which she explains quite some time later to Harlequin. Much later, it is Silvia’s turn to realise what is going on, but her pride prevents her from telling Dorante straight away. After a few problems, the latter, understandably disconcerted, finally manages to vanquish Silvia’s pride. »
Until the 6th of February 2011.

Le jeu de l’Amour et du Hasard
mise en scène Michel Raskine
Aux Ateliers Berthier du 12 Janvier au 06 Février 2011
1 rue André Suarès 75017
www.theatre-odeon.fr

Didier MOINEL DELALANDE

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