Les tubes de Pompidou

Georges Pompidou, reçu premier à l’agrégation de lettres, passionné d’art contemporain et Président de la République, décida de la création d’un immense espace culturel au centre de Paris, entièrement vouée à la création contemporaine où les arts plastiques voisineraient avec les livres, le design, la musique et le cinéma. Bien lui en prit, car l’homme eut raison. Trente ans après son inauguration, le centre Pompidou (ou centre Beaubourg) accueille 7 millions de visiteurs par an. Cela vaut bien le détour ! Alors allons y…

museepompidou

D’abord l’extérieur. De nombreuses voix s’élevèrent, à l’origine, pour critiquer ce « tas de tubes, de plastique, de charpente et de verre ». En effet, les escaliers et ascenseurs ainsi que tous les conduits d’aération ont été repoussés à l’extérieur.  La couleur des poutrelles et des gaines correspond à leur fonction : bleu pour l’air conditionné, vert pour les fluides, rouge pour les transports et jaune pour l’électricité.. C’est choquant, énorme, unique au monde et d’une laideur magnifique. Moi, j’adore ce paquebot multicolore amarré en plein centre de la capitale et qui conserve, mine de rien, l’une des deux plus importantes collections d’art moderne et contemporain au monde avec celle du Museum of Modern Art de New York. Le bâtiment se compose de 8 niveaux de 7 500 m² chacun, dont deux niveaux de sous-sols. Dans sa partie centrale, on y trouve le Musée national d’art moderne avec 64 603 œuvres de 5 690 artistes différents, la Bibliothèque Publique d’Information avec 380 000 documents en libre accès (2 200 places assises), une médiathèque de langues, une discothèque, la bibliothèque Kandinsky riche de 200 000 ouvrages sur l’art du 20ème siècle, deux salles de cinéma, une salle de spectacles, une salle de débats, une librairie spécialisée, une boutique de design, un café et un restaurant au dernier niveau. Et je ne vous parle pas de diverses autres structures qui font partie du Centre, comme l’IRCAM consacré à la musique contemporaine et dont Pierre Boulez reste encore, à ce jour, le principal initiateur même s’il ne s’en occupe plus. En fait, pour résumer, je dirai que ce « vaste entrepôt d’art contemporain » est une parfaite réussite, créative en elle-même et idéalement située au milieu d’une des villes au monde les plus accueillantes pour les artistes. Point majeur d’attraction dans Paris, le Centre réconcilie vie artistique et vie tout court. D’ailleurs, tout cela est dans la logique du temps. Paul Valéry l’affirmait déjà : « Le 21ème siècle sera le siècle de l’Art de Vivre ». Beaubourg le montre fort bien. Temple de la création contemporaine, on regrettera, cependant, que des négoces de toutes sortes aient un peu trop poussé tout autour de la Piazza, en face du bâtiment principal. Mais, que voulez-vous, cela ne date pas d’aujourd’hui, cette habitude des marchands à s’installer autour des temples. Le Christ, par exemple, dans un mouvement de colère contre le veau d’or, n’en avait-il pas, déjà, chassé certains (relire la Bible à ce sujet..) ?

The tubes of Pompidou
Georges Pompidou, a man who came top of his promotion in the country’s most prestigious literary examination, was passionate about modern art and became President of the Republic, decided to have a huge cultural space built in the centre of Paris, entirely dedicated to contemporary creation where artworks of all shapes and forms would stand alongside books, design ideas, music and cinema. And it seems that he was right to do so because thirty years after its inauguration, the Centre Pompidou (also called the Centre Beaubourg) welcomes 7 million visitors each year. And it is well worth a visit! So let’s go…
Let’s start with the outside. From the outset, many criticised the ‘heap of tubes, plastic, carpentry and glass’. Effectively, the staircases and lifts as well as all the ventilation ducts are exposed on the outside of the building. The colours of the pillars and pipes correspond to their function: blue for air conditioning, green for fluids, red for transport and yellow for electricity. The result is shocking, huge, unique in the world and magnificently ugly. Personally, I adore this multicoloured battleship moored right in the heart of the capital and which holds one of the largest collections of modern art in the world, no less, alongside that of the New York Museum of Modern Art. The building has 8 floors each stretching over 7500 sq. m, including two underground levels. Its central section hosts the National Museum of Modern Art with 64,603 works by 5690 different artists, the Public Information Library with 380,000 documents that the public can consult free of charge on one of the 2200 seats available, a language media library, a discotheque, the Kandinsky Library with its 200,000 works about 20th century art, two cinemas, a hall set aside for shows, a room specially for debates, a specialist library, a design boutique, a café and a restaurant on the top floor. And I will not go into all the other organizations which are part of the Centre, such as the IRCAM research centre devoted to contemporary music, of which Pierre Boulez remains, even today, the main initiator even if he is no longer in charge. In fact, to sum up, I would say that this ‘huge warehouse of contemporary art’ is a total success, creative in itself and ideally situated in the middle of one of the most welcoming cities in the world for artists. The Centre is a major attraction in Paris, and reconciles artistic life and everyday life. Indeed, it is a logical reflection of the era. As the poet and philosopher Paul Valéry predicted: « The 21st century will be the century of the Art of Living”. Beaubourg illustrates this very well. The only thing that we can regret is the proliferation of commercial outlets that have sprung up around this temple of contemporary creation. But, what can I say; it is not a recent phenomenon, all these traders who set up shop around temples. For example didn’t Christ, angry about the idolatry of the golden calf, drive them out of the temple (re-read the Bible…)?

Centre Beaubourg / Place Georges Pompidou / 75004 Paris / Métro Chatelet.

Didier MOINEL DELALANDE

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