Leveur de foule

Jean Michel Jarrejeanmicheljarre, grand prêtre Son & Lumière, a posé hier soir ses synthés et lasers à Bercy, pour un concert unique. L’événement est suffisamment rare pour vous en parler un peu. Que ce soit à La Défense, à Houston, en Chine ou au pied des Pyramides, Jean Michel Jarre offre à chaque concert des moments wagnériens. La comparaison va faire grincer quelques musicologues mais laissons gloser ceux qui pondent peu… Jean Michel Jarre, lui, n’est pas forcément un compositeur hors pair (certains adressent davantage ce compliment à son père, Maurice Jarre), mais il a un sens et un souffle unique du spectaculaire et de l’intime. Issu de l’univers de la recherche électro-acoustique, il a donné à la musique électronique une immense dimension populaire.

Et croyez bien que cela ne lui est pas arrivé tout seul ! Jean-Michel Jarre a tout d’abord intégré brillamment le Conservatoire de Paris puis le GRM (Groupe de Recherches Musicales) sur les musiques contemporaines et expérimentales. Il s’est révélé un musicien brillant dans ce domaine musical pourtant singulier. En 1976, « Oxygène » marque le début fracassant de sa carrière. Devenu vedette internationale, Jean-Michel Jarre sort « Equinoxe », puis « Les Chants magnétiques ». Son concert gigantesque du 14 juillet 79 Place de la Concorde est le premier d’une impressionnante série de spectacles du même type qu’il va donner un peu partout durant les vingt années suivantes. Ce sera, ensuite, l’album « Rendez-vous » dédié à l’astronaute américain Ron Mc Nair, « Révolution », « Chronologie » et « Métamorphose ». Après des concerts incessants autour de la planète et une succession de vies privées assez intenses avec Charlotte Rampling, Isabelle Adjani et Anne Parillaud, il sort « Anthology of Electronic Revisited Originals » et poursuit son destin de méga concertiste. Ainsi va la vie de cet artiste tout aussi discret sur lui-même qu’incomparable « leveur de foule ». Là est, sans doute, sa vraie valeur ajoutée, car la musique électroacoustique qu’il pratique a plutôt ses bases structurelles en Allemagne et ses sources mélodiques aux Etats Unis (pensons, par exemple, à Phill Glass ou Bob Wilson). Mais qu’importe les paternités, en fait. Jean Michel Jarre a acquis un statut de grand maître dans le monde des sons contemporains. Il le mérite bien tout en ne revendiquant aucun des honneurs dont il est désormais couvert chaque fois qu’il est accueilli d’un pays à l’autre…

Hier soir, il a fait vibrer Bercy. Il a pu privilégier ses instruments ‘vintages’, tout droit sortis des années 70 : les synthétiseurs analogiques Eminent 310 U, ARP 2500 et 2600 ou Synthex, les Mellotron 400S et Fairlight, ancêtres du sampler pour nous livrer une véritable musique expérimentale et surtout un vrai flash back … c’était énorme !

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What a crowd puller!
Jean Michel Jarre, the high priest of the sound & light show, set up his synthesizers and lasers at Bercy stadium yesterday for a unique concert. This is now a sufficiently rare event to deserve a few words here. Whether in La Défense, Houston, China or at the foot of the Pyramids, each of Jean Michel Jarre’s concerts offers moments worthy of Wagner. My comparison may offend some musical experts but such is life… Jean Michel Jarre may not be an extraordinary composer (some prefer to reserve this compliment to his father, Maurice Jarre), but he has a unique sense of the spectacular and an energy that seems to reach out and touch each person in the audience. His electro-acoustic experimentation has quite simply given electronic music an immense popular dimension.
And don’t think that all this just fell into his lap! Jean-Michel Jarre was a brilliant student of the Paris Conservatory of Music and then became part of the ‘GRM’ musical research group studying contemporary and experimental music. He proved himself to be an exceptional musician in this (then little known) musical field. In 1976, his album entitled ‘Oxygène’ marked the sensational beginning of his career. Having become an international star, Jean-Michel Jarre released ‘Equinoxe’, then ‘Les Chants magnétiques’. His huge concert for the 14th of July celebration in 1979 in Place de la Concorde was the first of an impressive series of shows that he would give all over the world in the twenty years that followed. Then came the album ‘Rendez-vous’ dedicated to the American astronaut Ron Mc Nair, ‘Révolution’, ‘Chronologie’ and ‘Métamorphose’. After countless concerts all over the globe and quite an intense private life courting the actresses Charlotte Rampling, Isabelle Adjani and Anne Parillaud, he brought out ‘Anthology of Electronic Revisited Originals’ and pursued his destiny of  mega-concert-performer. Such is the life of this musician who is as discreet about himself as he is an incomparable ‘crowd puller’. And this is undoubtedly his biggest quality because the electro-acoustic music that he favours has its structural bases in Germany and its melodic sources in the US (think, for example, of Phil Glass or Bob Wilson). But actually his inspirations are not important. Jean Michel Jarre has acquired the status of grand master in the world of modern sound. And he deserves it, while not claiming any of the honours now showered upon him each time he performs from country to country…
Last night, the crowd at Bercy was in raptures. He focused on his ‘vintage’ instruments, straight out of the 70s: the analog synthesizers Eminent 310 U, ARP 2500 and 2600 or Synthex, the Mellotron 400S and Fairlight, ancestors of the sampler to give us authentic experimental music and above all a real flash back … it was epic!

Didier MOINEL DELALANDE

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